Expansion et préservation
Fernand Nathan appelle auprès de lui son fils, Pierre. Son arrivée marque un essor considérable de la Maison entre les deux guerres mondiales.
L’innovation au cœur de l’expansion
Né en 1892, Pierre Nathan a fait de solides études littéraires et de nombreux séjours d'étude à Leipzig, capitale européenne de l'édition à l'époque.
Il entre chez Nathan après avoir reçu la Croix de Guerre, la médaille de Verdun et la Légion d'Honneur.
Il va lancer les jeux éducatifs Nathan tout en développant également les revues pédagogiques et les collections pour la jeunesse. Pendant ce temps, son père, Fernand, multiplie les succès dans le domaine des manuels scolaires.
Éditeur avant-gardiste et progressiste
Les nouvelles lois de Jules Ferry donnent l’occasion pour Fernand Nathan de concevoir pour les élèves de nouveaux livres conformes aux programmes récemment parus. En même temps, il commence à publier des ouvrages pour les Ecoles Normales, destinés aux jeunes maîtres qu’il s’agit alors de former selon le nouvel esprit de l’époque.
Fernand Nathan sera également un acteur important de la rénovation de l'Enseignement Primaire mise en œuvre sous la direction de Ferdinand Buisson. Ainsi, la publication d'ouvrages simples et novateurs va faciliter le travail des maîtres comme le développement de méthodes souples et vivantes venant remplacer les méthodes mécaniques pratiquées jusqu'alors.
Nathan : comptoir de l’éducation
De maison d’édition traditionnelle, sensible aux enjeux de l’époque en matière d’éducation et d’enfance, Nathan devient un comptoir d’éducation et trouve ses meilleurs « ambassadeurs » chez les instituteurs et les inspecteurs d’Académie.
Nathan propose « toute fourniture indispensable à une école » (du clé en main) et parallèlement étend le marché de l’élève à l’enfant et à sa famille.
Pierre Nathan saisit l’air du temps et réalise que face à l’évolution des technologies l’éditeur scolaire ne doit pas seulement s’en tenir au support papier et aux livres . Les nouveaux supports de l’image et de la parole se révélent parfois mieux adaptés à la transmission du savoir.
Dès lors, Nathan fort de sa réputation, commercialise sous sa marque ou associe son nom à des produits fabriqués par d’autres : mobilier, compendiums métriques et scientifiques, microscopes, articles de bureau, machines à écrire, bustes de Marianne et de Pasteur, postes de T.S.F, appareils photographiques et de projection, phonographes…
L’expansion de Nathan
Vite à l’étroit dans les locaux de la rue des Fossés-Saint-Jacques, les Editions Nathan, à l’exception du magasin de vente au détail sont transférées en 1926 au 9, rue Méchain, acquis en 1921 par Pierre Nathan et partiellement occupé dès 1922 par l’exposition des jeux éducatifs. En 1928, la fabrication des jeux s’installe aux ateliers de Châtillon. La vente au détail est quant à elle transférée rue Monsieur-le-Prince en 1933.
Les grands auteurs scolaires
Pendant que son fils multiplie ses activités d’éditeur, participant aux travaux du Syndicat des Editeurs et se consacrant aux expositions du livre français à l’étranger, Fernand Nathan s’occupe du département classique et notamment des livres scolaires.
C’est alors que des auteurs nouveaux s’attachent aux Editions Nathan et y trouvent un succès jusque là jamais vu : Jolly et Souché pour la grammaire, Lebossé et Hémery pour les mathématiques, Rat en littérature pour le secondaire, Cessac et Tréherne pour la physique.
La seconde guerre mondiale et l’occupation
Pendant la seconde guerre mondiale, Pierre et Fernand Nathan, persécutés par les nazis, tentent dans un premier temps de faire survivre la maison d'édition. Mais très vite les autorités d'occupation s'acharnent sur l'entreprise et lui imposent un administrateur. C'est grâce à un mouvement de solidarité exemplaire au sein de la profession que la maison va survivre à la guerre.
Pour sauvegarder la Maison Nathan, un groupe d'éditeurs parisiens, conduit par André Gillon des Editions Larousse, conçoit un stratagème exemplaire et courageux.
Ce groupe reprend les Editions Nathan et les administre pendant la période d'occupation. Ils rendront l'entreprise à Fernand et Pierre Nathan le jour de la libération de Paris. Le courage de ce groupe et l'implication totale de chacun des salariés Nathan pendant la guerre ont ainsi permis de sauver la Maison.
Sauvé par un instituteur !
Contraint de fuir Paris sous l’Occupation, Pierre Nathan trouva en zone dite « libre » un abri momentané. Il lui plaisait de rappeler à ce propos une anecdote émouvante.
Alors qu’il cherchait un « passeur » pour franchir la ligne de démarcation, il aperçut dans un café, un exemplaire du « Journal des Instituteurs ». En apprenant que l’établissement était tenu par la femme de l‘instituteur du village, il n’hésita pas à se faire reconnaître et ce fut l’instituteur lui-même qui tint à l’honneur de lui faire franchir la ligne de démarcation, lui sauvant la vie au risque de la sienne.
Cette anecdote montre en quelle estime les maîtres français tenaient l’action pédagogique des Editions Nathan.
La Maison Nathan a réussi à éviter l’aryanisation pendant la seconde guerre mondiale. Les archives ont été sauvées par Souché, la Maison a été gardée par deux employés, Madame Prêtre et Monsieur Breton et le fonds préservé avec l’aide des Editions Larousse. Les valeurs de la Maison sont restées intactes et, en 1945, elle est de nouveau incarnée par la famille Nathan.