Création et fondements
Lors de la création de la Maison en 1881, Fernand Nathan a 23 ans. Il est alors entouré de maisons classiques anciennes et puissantes, mais des lois nouvelles sur l’enseignement primaire viennent d’être promulguées…
Aux origines : l’édition scolaire
En 1881, Jules Ferry fait voter la loi qui établit la gratuité de l’enseignement et la généralisation des Ecoles Normales primaires d’Instituteurs et d’Institutrices, puis, par la loi du 29 mars 1882, l’enseignement primaire est rendu obligatoire et laïque. Désormais, tout enfant âgé de 6 à 14 ans fréquentera l’école de la République.
Parmi les éditeurs qui furent les partenaires engagés de la République, un jeune homme de 23 ans, Fernand Nathan, crée sa maison d’édition en 1881, au rez-de-chaussée du N°16 de la rue de Condé dans le 6ème arrondissement de Paris.
Fernand Nathan partage les idées républicaines d’égalité des chances, de prestige du savoir et donne à sa maison une réelle mission éducative : diffuser le plus largement possible le savoir et l’envie d’apprendre.
Les nouvelles lois de Jules Ferry donnent ainsi l’occasion pour Fernand Nathan de concevoir pour les élèves de nouveaux livres conformes aux programmes récemment parus. En même temps, il commence à publier des ouvrages pour les Ecoles Normales, destinés aux jeunes maîtres qu’il s’agit alors de former selon le nouvel esprit de l’époque.
Fernand Nathan sera également un acteur important de la rénovation de l'Enseignement Primaire mise en œuvre sous la direction de Ferdinand Buisson. Ainsi, la publication d'ouvrages simples et novateurs va faciliter le travail des maîtres comme le développement de méthodes souples et vivantes venant remplacer les méthodes mécaniques pratiquées jusqu'alors.
L’épanouissement de l’enfant à l’école
En complétant ses collections de manuels scolaires par du matériel éducatif adapté à l'enfant (ergonomie, taille et résistance), Fernand Nathan innove encore.
Développé avec l'aide de Mademoiselle Besse et Madame Kergomard, deux Inspectrices Générales des Ecoles Maternelles, l'accent est mis sur la qualité des produits, leur contenu pédagogique et leur aspect ludique.
Ce nouveau matériel inspiré des méthodes fröbeliennes connaît rapidement un vif succès et participe au rayonnement du modèle des écoles maternelles françaises à l'étranger.
Friedrich Fröbel et le concept du jeu éducatif
Friedrich Fröbel (1782-1852) est souvent présenté comme « le maître germanique de l’éducation de la petite enfance». Il a stabilisé la conception éducative qui a permis la création des jardins d’enfants (kindergarten).
Elle repose sur l’utilisation de matériels et de jeux qui exploitent la capacité des enfants à agir et à apprendre grâce à un matériel stimulant. Il met en évidence la notion de pédagogie active, fondée sur la participation et l’engagement de l’enfant dans l’activité.
Le maniement de jeux de construction et d’assemblage permet la découverte des qualités et des propriétés sensorielles des objets.
Certains des principes de base des jardins d’enfants et le matériel fröbelien ont été introduits très tôt dans les écoles maternelles françaises.
Aux côtés des enseignants et de leur pédagogie
Fernand Nathan diversifie également ses productions éditoriales avec « La bibliothèque des éducateurs » « et « Les loisirs du professeur » qui seront les premiers compléments pédagogiques à destination des enseignants.
Dès cette époque, Nathan apporte non seulement des outils pour la formation puis l'exercice du métier d'enseignant mais également des outils pour les aider dans leur rôle culturel et social. Ces ouvrages trouvent également leur prolongement dans une série de guides pour aider les gens dans leur vie quotidienne.
Fidèle à son objectif premier de faciliter l'accès au savoir, Fernand Nathan publiera de nombreux ouvrages pour guider de façon pratique le plus grand nombre de ses concitoyens : guide sur la correspondance pour les employés de mairie, guide pour les femmes d'entretien avec des conseils juridiques et pratiques...
L’éducation enfantine
En 1905, les Editions Nathan créent la revue pédagogique « l’Education Enfantine », avec Pauline Kergomard, qui fut Inspectrice des Ecoles Maternelles, et dont le rôle et l’influence peuvent être comparés à ceux de Maria Montessori. Son ouvrage « L’Education Maternelle dans l’Ecole » , fut l’un des livres de chevet des institutrices de maternelle.
Pauline Kergomard : à l’origine de la création de l’école maternelle
Pauline Kergomard (1838 - 1925) visite les salles d’asile qui se sont ouvertes pour garder les jeunes enfants dont les mères travaillent. Elle s’insurge contre le dressage et les claquoirs qui rythment les journées. Elle dénonce les gradins sur lesquels de nombreux petits élèves immobiles s’entassent.
Elle veut que les écoles soient équipées de mobilier et de matériel adaptés à la taille des enfants pour faciliter leurs manipulations. Elle considère que l’école maternelle doit être un lieu d’épanouissement pour l’enfant.
Pour elle « l’éducation des sens est la base du développement de l’être ». Le modèle éducatif qu’elle préconise est un modèle où l’enseignante adopte la conduite d’une « mère intelligente et dévouée » tournée vers le bien-être et l’éveil de son enfant
En militant pour le respect de l’enfant, elle fait passer l’école maternelle d’un rôle essentiel de protection à une institution dédiée aux apprentissages. Elle reste une des grandes figures de l’action spécifique des professionnelles de la maternelle.
Très vite Fernand Nathan va diffuser ses méthodes dans les colonies françaises et dans les pays francophones. La maison déménagera alors 16, rue des Fossés-Saint-Jacques à Paris en 1913. Dans les premières années du siècle, les Editions Nathan étendent leur sphère d’activités à toutes les branches de l’enseignement. A la veille de la première guerre mondiale, l’entreprise est prospère.